Nous sommes le jeudi 7 septembre aux alentours de 21h30 quand je reçois un message : « Salut Julien, tu vas bien ? Je peux te téléphoner ? » c’est ainsi que l’aventure du MXGP à commencer.
Les quelques jours suivant ce message, des coups de téléphone s’échangent, on discute, Tanguy et moi, de ce qui a déjà été fait pour son inscription, la partie « facile » de l’iceberg est en ordre.
Pour cette aventure, nous sommes 3, le pilote, Tanguy Gabriel, le mécanicien, Vincent Charlier, et le « manager/mécanicien, Julien Halleux (moi-même).
Durant les jours, semaines qui suivent, Vincent s’occupe du listing des pièces de rechange dont nous aurons besoin sur place. Il remplace le piston de la moto de course, ce qui laisse à Tanguy, un mercredi après-midi pour s’occuper du rodage et finir par un ultime week-end d’entraînement avant notre départ. Vincent s’occupe aussi de la moto de réserve, mais également de tout ce dont nous aurons besoin sur place, de la table pour manger à midi jusqu’aux tonnelles, il s’avère également être un redoutable cuistot et nous a préparé un menu digne de ce nom !
Sur le point de vue administratif, Tanguy me transfère régulièrement des mails de l’organisation, avec le travail, ce n’est pas évident de tout goupiller correctement. Entre les papiers à signer et à renvoyer à la fédération, il faut également s’occuper de trouver un logement, sur le papier cela est TRÈS facile, mais bien sûr, que sur le papier. Entre le premier logement qui s’annule pour des soucis d’eau chaude, un qui nous file entre les doigts et le troisième qui n’est pas sûr de savoir nous accueillir avec la camionnette cela devient compliqué ! Pas de répit, un petit logement en bordure d’un grand axe fera très bien l’affaire, il se situe à 20 minutes du circuit, c’est parfait.
Entre le continent européen et nos voisins Anglais, de l’eau, il faut donc traverser. Notre choix se tourne vers le tunnel sous La Manche pour sa rapidité, car du temps nous allons en avoir besoin.
Nous voilà jeudi, veille de notre départ pour cette folle aventure, il est temps de tout charger dans la camionnette et par la même occasion d’effectuer un check global.
Vendredi, 5h du matin, le réveil sonne, rendez-vous à 6h30 pour le départ depuis Marchin. Nous sommes tous les 3 là, c’est parti pour 300KM afin de rejoindre l’Eurotunnel. Le passage à la douane, c’est toujours un peu stressant surtout du côté anglais, la dame parle vite, on ne comprend pas tout, mais tout se passe pour le mieux, on embarque pour 35 minutes de traversée afin de rejoindre Folkestone.
Une fois de l’autre côté de La Manche, un trajet de 3h, soit environ 270km nous attend. C’est parti, conduite à gauche tout va bien ! Quelques embouteillages se présentent sur notre chemin, mais Waze nous sort vite de tout ça, direction le Welcome Office.
Nous voilà sur place, après 3 semaines de préparatifs ça y est ! Nous réceptionnons nos différents pass et macarons pour le paddock et parking. Nous nous installons brièvement et en attendant confirmation pour notre stationnement, nous décidons de prendre de l’avance sur le contrôle administratif, celui-ci étant réservé au pilote, ainsi que sur le contrôle technique, réservé lui, aux motos, casques et pare-pierre. Tous les signaux sont au vert, Vincent respire de nouveau ! Place au montage de notre structure pour le week-end, une tonnelle de 6x3m et une de 3x3m.
Samedi 7h, premier réveil, nous déjeunons tranquillement avant de se mettre en route. Au planning de la journée, entraînement libre, entraînement chronométré et course qualificative. Celle-ci définira la place de Tanguy aux courses du dimanche.
Entrainement libre : Tanguy ne met pas longtemps à tester les premiers gros sauts du circuit, il enchaîne les tours et vient nous rejoindre dans la pitlane. Premier ressenti, il aime bien le circuit, par contre, un mal de bras le contrarie légèrement, cela se comprend, le stress joue un peu. On échange quelques mots, il repart pour le temps restant. Il ne manque pas de se faire plaisir en nous montrant quelques beaux whips dont-il à le secret.
Entrainement chrono : 2-3 tours passent, Tanguy pointe en 12ème position avant que les ténors de ce championnat du monde nous fassent des tours vraiment très rapides. Les chronos descendent tour après tour au fil de la séance. Tanguy signera le 32ème temps chrono, c’est à cette position qu’il entrera sur la grille de départ pour la course qualificative.
Entre la séance chrono et la manche de qualification, il est temps de faire des départs sur la grille métallique. C’est particulier, autant la moto peut accrocher correctement, autant elle peut patiner et se mettre de travers, il va falloir trouver le bon compromis.
Course qualificative : Tanguy se met en place au départ, la grille tombe et les motos démarrent à une vitesse folle, surtout les motos d’usines. La sortie de barre est correcte, Tanguy se faufile bien. Lors du premier tour, dans une descente, il prendra malheureusement un beau « coup de raquette » comme on dit dans notre jargon. Il est un peu froissé, mais repart. On lui indique sur le panneau de rouler et prendre du plaisir, après tout, on est venu pour cela. Il terminera la manche en 30ème position.
Samedi soir, un petit débriefing avec Eddy (Seel) pour Tanguy. Pendant ce temps, Vincent et moi faisons un peu de mécanique, nettoyage de la moto, des bottes, des casques, et des lunettes, contrôle de la tension des rayons, de la chaîne, remplacement du filtre à air, vidange, nouvel embrayage, etc. La mécanique est prête pour les deux courses du lendemain.
Dimanche, remake du samedi pour le réveil et le déjeuner, la journée commence par 15 minutes de warm-up. Il y a beaucoup de vent, cela se ressent sur les sauts, mais cela n’empêche pas Tanguy de prendre son pied sur les nombreux sauts du circuit. Il se sent bien et cela se répercute automatiquement sur nous, une bonne ambiance règne dans notre petit stand.
Pour les deux manches, j’ai un peu moins de détails à vous expliquer et d’histoire à raconter. Lors des courses, le stress est présent pour le pilote, mais également pour les personnes qui sont à ses côtés. On est concentré sur une chose après l’autre, virage après virage, tour après tour. Avec les reflets, la lecture du panneau était compliquée pour Tanguy, nous avons donc réalisé un fond noir dans l’urgence en pleine manche pour remédier à ce souci. Il nous a également faits de beaux sauvetages dans les ornières profondes de Matterley Basin. Le circuit était très rapide, comme en reflète la position finale de Jorge Prado (champion du monde MXGP 2023) en 18ème position, place où il remontera non sans mal. Cela était compliqué de faire la différence. Tanguy terminera 26ème des deux débats.
Ce fut une expérience riche, autant en stress qu’en « folie », une première qui restera gravée comme une des plus belles aventures que nous avons pu réaliser jusqu’à présent. Nous espérons que la lecture de notre aventure chez nos voisins Anglais vous aura plu.
Tanguy, Vincent et Julien.
(Rédaction : Julien Halleux)